La foule se pressait contre les manèges et contre les protections qui les entouraient, toujours en quête de sensations fortes. Les enfants pressaient leurs parents de leur acheter toutes les sucreries possibles alors qu’eux, pour la plupart, se déshabillant des yeux, n’avaient qu’une envie : se trouver un coin tranquille, à l’arrière d’une attraction, d’un camion de foire ou même dans leur voiture, afin d’assouvir leur désir charnel. Mais il y avait également des parents, qui trop soucieux de leur travail, de leur prime à la fin du mois et de la reconnaissance de leurs patrons, qui passaient leur temps à parler affaire au téléphone, délaissant ainsi la sécurité ou la surveillance de leurs enfants. Oui, c’était bien la panique partout, le chaos total. Je voudrais déjà partir de cet endroit alors que je viens tout juste d’arriver. Je marche en prétendant ne pas prêter attention à eux, mais c’est tellement dur, tellement suspect que je m’arrête moi aussi à un stand de beignets et en commande un. Pourtant, je n’ai pas besoin de manger, je ne suis pas affecté par cette faim que je prodigue chez tout le monde, mais je pense bien qu’agir comme tout le monde, avec certes moins de violence que les autres. Je me sers comme je le peux alors que glissant une main dans ma poche je lui tends un billet que Dean avait précautionneusement rangé dans mon impair. Je n’ai aucune idée de la valeur que peuvent avoir ces petits bouts de papiers, mais il m’a déjà dit qu’ils pourraient m’être utiles. Je viens de faire pareil que lui, je l’ai déjà vu faire ce gestes plusieurs fois lorsqu’il allait s’acheter des burgers ou des gâteaux, alors je ne pense pas avoir fait quoi que ce soit d’étrange pour le moment. Par contre, je ne sais pas si le fameux beignet vaut plus ou moins que la somme d’argent que je lui ai donné…Et qu’il m’a d’ailleurs arraché des mains, histoire de me rappeler qu’elle était sa faim à celui-ci. Je soupire un peu et ne prends pas la peine de me retourner pour regarder encore le spectacle que ma seule présence provoque. Cherchant un endroit plutôt calme, et donc où il n’y a personne, je finis par arriver devant un manège à l’apparence lugubre ▬ ce n’est pas étonnant d’ailleurs que personne ne semble vouloir s’y attarder. Je lâche un petit soupir et m’assois sur le banc près de moi ; après avoir regardé avec assez de dégoût le beignet que je tenais dans la main, je croque dedans, retenant à grand peine une grimace ; il faut voir le bon côté des choses : ça fera toujours plaisir à Jimmy !